• Quoi de neuf à Puebla?

    Pas mal de choses, j'ai envie de vous dire. Pour une raison qui me reste inconnue, je n'ai pas écrire sur le blog jusqu'à maintenant. Problèmes techniques à part, je vais bien. Dernier jour de cours vendredi dernier: on avait du mal à y croire! Mardi matin, l'exam final. Je vous dirais comment ça c'est passé, la réponse devrait être "bien": ça reste à faire.

    Je me souviens que la première fois que j'ai voulu écrire sans le pouvoir, nous venions d'avoir 24h fortes en émotions! Ça remonte au 9 mai: énorme orage dans la nuit, je n'en avais jamais vu de pareils: après un éclair illuminant les toits balayés de rafale pluvieuses durant d'interminables secondes, le tonnerre fait trembler notre immeuble presque aussi fort qu'il fait trembler Michelle: le cri que pousse ma coloc ressort distinctement dans ce vacarme. 

    Le lendemain, à 12h pile: on ressort de notre deuxième examen écrit (tout c'est bien passé pour ceux-ci, il paraît que j'écris très bien et que j'ai réellement compris la philosophie de la méthode Montessori, merci merci). Je mange en regardant mes mails, Michelle est dans sa chambre. Une drôle d'impression: le canapé ondule et j'ai l'impression que le monde autour de moi s'est gelly-fié. Tremblement de terre! Cette fois je l'ai senti! On sort de l'immeuble, je prend tout de même le temps de saisir mon sac à main et mon ordi. Peut être pas très prudent, mais dehors, la vie continue comme si de rien n'était. Les palmiers tremblent encore légèrement, rien de méchant. Je suis tout de même bien contente d'avoir senti au moins un temblor antes de irme de México! Dans l'état de Guerrero, le bilan est moins débonnaire.

    Le dimanche suivant, on se lève tôt avec Monkey pour aller affronter la Malinche! Après avoir pris le bus jusqu'à Canoa, on commence la grimpette vers la montagne. Paraît que c'est tout droit, on demande quand même pour être sûrs. Heureusement! C'était l'autre chemin Papy et mamie, après avoir ronchonné que l'on aurait dû arriver plus tôt, trouver un guide, venir avant la saison de pluies, etc. finissent par nous guider, leur maison est sur la route de toute façon. Vipères, chacals, précipices: on a le droit à toutes les recommandations. Suivre le chemin tout droit dès que l'on peut, ou celui qui paraît le plus emprunté. 

    Quoi de neuf?

    Au début, entre les champs de maïs et les magueyes géants, la route pavée est plutôt simple et agréable à suivre. Puis le chemin, au fur et à mesure que nos conversations s'enfilent, s'amenuise et s’effiloche. C'est par où? par là plus ou moins. Bouteilles en plastique empalée sur des branches, marques de talon dans la terre, l'arbre brûlé ou la frange du précipice comme points de repères... on finit par s'asseoir, face à la vue et heureux, pour pic-niquer dans le vent. En haut, la Malinche se cache entre les tourmentes de brumes. On aura jamais atteint le sommet, mais le silence vivant de la montagne et le plaisir de l'exercice me suffisent. 

     

     

    Quoi de neuf?

    Quand on redescend, les élections municipales font bouillir Canoa. On retrouve Mario qui nous résume la situation: pas de ley seca, ou peu respectée ici, peu d'éducation aussi. Et certains en profitent pour manipuler aisément les esprits: les unités anti-émeutes de la police pullulent dans chaque bureau de vote. Plus tôt dans l'après-midi, un des bureaux a dû être fermé car un candidat et ça troupe de candides menaçaient d'attaquer pour "brûler leurs votes, en tout respect". Bienvenue au Mexique. On va s'asseoir tous les trois devant la cathédrale pour déguster une boîte de sardines et un avocat sur du pain. Les nuages et leurs couleurs sur la vallée sont magnifiques.

    La veille du jour des professeurs, Rocio est en ville et on va manger avec Coral. Elles me font goûter les escamoles! Les fameux œufs de fourmis. Et c'est bon! Puis je vais retrouver Vecco à l'expo d'Amilca. Entre autres rencontres intéressantes, Hugo nous raconte la tradition Nahuatl de "l'ami" dans certains villages de la sierra norte, une chaise vide dans une pièce vide de la maison est réservée à "l'ami", un esprit. Ne surtout pas s'asseoir dessus! de peur d'offenser l'ange. Comme de coutume, on passe ensuite voir Jörd et Jules au bar Utopia. Cette fois-ci ou une autre, je me met à aquareller avec un fond de bière: j'aime bien le résultat, il faudra que je vous le scann.

    Quoi de neuf?

    Un autre soir, en allant manger des tacos tous les deux, j'en profite pour goûter les bizarreries encore inconnues: taco de ojo (plutôt caoutchouteux) et de machita (ça c'est bon! ça baigne dans la graisse et avec persil, oignon et citron vert, save bien rico). Niveau tacos, il me manque encore ceux de langue de bœuf. 

    Enfin, après avoir repoussé de weekends en weekends cette escapade, on prend enfin le bus pour Cuetzalan avec des copines de cours. 4h de bus pour arriver aux zigzags de la sierra norte. Les fougères gigantesques et la brume humide nous accueillent. Pour faire court, car il y aurait beaucoup à raconter: cascades vivifiantes, chaleur pesante, voladores s'élançant depuis le haut de leur poteau à 52 marches, odeurs de café, chiles, tabac, poissons sur le marché, couleurs des tissages et chaquiras, plumes et haricots en bijoux, fruits et légumes, onctuosité du champurrado, saveur des tlayoyos et hitacates sur le marché, fourmillement de tous ces vieux indigènes aux pieds déformés à force d'arpenter la place pour vendre leur artisanat aux touristes, église de jarritos avec son toit recouvert de pichets, sculptures de cire et chaussettes de bébé en offrande dans la cathédrale, bêtes étranges enformolées de l'apoticaire, bus local dans les trucks à bétail, fête d'un saint patron, tous les costumes et les danses traditionnelles mélangés en même temps sous la voûte de l'église de Xiloxochico, la pesanteur de l'air encensé, singularité des feuilles en guirlande... tant de choses vous dis-je, j'en oublis la moitié! Ce village semble suspendu entre les brumes, comme flottant, intouché ou presque par le monde qui s'agite. Un mixe entre le Népal, la Suisse et le Mexique. Avec des têtes de porc suspendues aux portes de chaque boucherie. Alors à part vous mettre le lien pour les photos et vous dire que j'ai acheté tout le marché le dimanche, il ne me restera plus qu'à vous raconter les anecdotes au compte goutte et en direct. Ici, je vous met celles de Michelle, celle-ci est la première, je vous invite à voir les suivantes (cliquer à droite de la photo). 

    Quoi de neuf?

    de gauche à droite: Michelle, moi, Daniela, Linda. Une fine équipe!

    Puis le weekend suivant, on s'échine plusieurs soirs d'affilés chez Miguel pour préparer les chiles en nogada et les déguster le samedi! Rachel, qui est arrivée depuis peu au Mexique, arrive à temps avec son pote de médecine pour y goûter. Manque de bol, le mal de Moctezuma la guette et son estomac ne la laisse pas pleinement profiter de l'expérience. Qu'à cela ne tienne! Le lendemain on va faire un tour dans le centre ville et elle reste au riz blanc. Danses traditionnelles sur le Zocalo, on déguste le cidre de Zacatlan, quartier des artistes, les antiquités de los Sapos, l'or de la capilla del rosario du temple de Santo Domingo, vue panoramique sur les toits de la ville et les neiges du Popo, marché et pan de elote: on rentre pour faire une ratatouille, Michelle concocte un café de olla que l'on siffle avec la hojaldra (brioche traditionnelle du jour des morts) achetée plus tôt. Ça fait tout drôle de reparler Français! Je raccompagne Rachelle à son hôtel: il est tard et les bus ne passent plus. Un conducteur lambda nous propose de nous emmener. Voyant Rachel peu rassurée, il propose de nous appeler et nous payer un taxi: ok. Malgré des sourires un peu trop appuyés, il nous aura bien aidé! Ayant laissé le reste des $200 qu'il nous avait donné pour le tarif de la course à Rachel, je rentre à pied. Le lendemain, je ne les vois déjà plus avant qu'il prennent le bus pour Palenque: je retrouve Edgar, Denn et Dino pour un tour de vélo dans le centre, puis une pasita (liqueur de raisin sec avec un cube de fromage: la légende veut que personne n'est encore réussit à boire le centième verre accordant la gratuité des consommations).

    La saison des pluies et les ouragans se déchaînant sur la côte nous abreuvent de leurs rincées quotidiennes et imprévisibles et il fait plutôt froid. On commence à vendre nos meubles avec Michelle et aujourd'hui, grand ménage intégral de l'appart pour faire la chasse aux larves que l'on a trouvé se tortillant sur notre carrelage. Ça sent la fin... Des bisous à vous tous!

     


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  • Ah! le joli mois de mai. Où l'on fait ce qu'il nous plaît. Ici comme chez nous, c'est le mois où les jours fériés fleurissent. 1er mai: fête du travail - sans les muguets -, 5 mai: anniversaire de la victoire contre les armées Françaises, repoussées par une armée pourtant moins nombreuse et bien moins entraînée. Commémoré en grandes pompes dans toutes la République, l'épicentre des festivités reste Puebla: ce sont les murs des forts Loreto et Guadalupe qui ont servis de remparts aux armées de Maximilien de Habsbourg. 

    Les Mexicains viennent de partout et s'agglutinent tôt le matin le long du boulevard 3 de mayo pour voir la parade défiler. Je me joins au flot et n'en revient pas: c'est pire que le tour de France! Les vendeurs ambulants s'en donnent à cœur joie. Je retrouve Dino et ses tantes. On attend des heures debout, les pieds endoloris, la parade qui tarde à passer. Finalement, l'armée fait défiler une garnison de chaque régiment. Les costumes changent, baïonnettes et boutons de manchettes lustrés. De face, je vois les visages ouverts ou fermés, endoloris ou fiers défilent, les confettis collés au visage par la sueur. De dos, je vois la marée humaine, engloutissant l'individualité de chacun dans les gestes uniformisés. Un quinzaine passent avec des aigles dressés, symboles de l'âme mexicaine.

    Puis viennent les écoles militaires ou de musique et leurs fanfares: certaines sont vraiment bonnes, d'autres ont de beaux costumes historiques. Les chars allégoriques retracent les étapes importantes de l'histoire du pays, on reconnaît un copain acteur sur l'un d'eux.

    Je rentre toute endolorie mais contente de cette escapade.

    Je devrais sans doute réviser pour mes examens écrits qui commencent demain. Mais je sais ne pas avoir beaucoup besoin de révisions et, comme je vous l'ai dit: tout ça sent les vacances et l'envie d'étudier n'est réellement présente que durant mes cours!

    Le week-en dernier, nous sommes donc partis en escapade à l'ex-hacienda de Chautla. Moyennement tentée par l'idée au départ, cette maison à l'anglaise au milieu du lac et la tranquillité de son parc m'ont conquise. Etre avec les chulos aussi bien sûr! On ronchonne un peu en route avec Gervi pour avoir raté les fruits et on se contente des tacos de longaniza et des kilos de pêche de Morelos que j'achète. Cette maison ressemble à une maison de poupée et on tombe pile le jour d'un mariage. On observe la cérémonie de loin sur un îlot, puis le marié galéré à traîner sa belle sur le vélo quatre étoiles spécialement conçu pour l'occasion: ils devront changer de monture pour la lune de miel.

    Puentes: ça sent les vacances!

    Puentes: ça sent les vacances!

    Puentes: ça sent les vacances!

     

     

     

     

     

     

    On monte en haut de la tour, qui ressemble à un vieux fard Breton. Sentir le vent sur nos visages, puis redescendre pour grimper sur les troncs, s'allonger dans l'herbe, déguster les muéganos (genre de caramel écrasé entre deux osties colorées)... et rentrer. Tous bien fatigués: Jessa et ses joues enflées de la perte de ses molaires, Dino et son ongle arraché en particulier. J'arrive tout de même à motiver Edgar et Rigtus pour sortir boire un verre à Cholula, citée des étudiants et rue des bars où je ne suis pas encore allée. On décolle vers minuit de chez moi et, manque de bol, demain, c'est les élections: ley seca, ça vous dit quelque chose? On se croirait aux US durant la prohibition. Tous cherchent un Oxxo qui voudrait bien leur remplir de bière leurs cahuamas, les bars fantômes préfèrent fermés leurs portes plutôt que d'ouvrir au jus. On tourne en quête d'une fête improbable, puis finissons, à 4h, à manger un hamburger à la station service en sifflant le reste de nos bières durement acquises. Gros fracas et pourtant, je m'amuse bien comme ça. Le plus drôle, c'est qu'à Puebla, la vie continue normalement.

    Le lendemain, je prend mon vélo pour aller voir la famille Kent-Carrasco à Cholula. Je rencontre enfin Daniel et Valentina, de retour d'Inde depuis quelques mois pour accoucher près de leurs familles. Plaisir de revoir Rollin et sa bedaine tranquille, Sara et César pour siroter une cerveza autour d'une bonne parrilla. Dimanche joviale.

    Puentes: ça sent les vacances!

    Un autre jour, j'aide Vecco et des amis à lui à installer une expo de fanzines. En grattant les lettres de l'expo précédentes, on discute éducation et intelligence artificielle. C'est déjà bien plus avancé que ce que je n'aurais cru. On va ensuite répartir les invitations tous les deux dans les bars culturels du coin. Je manque de confiance en moi pour me lancer à inviter les gens et j'ai d'abord l'impression de servir de jolie cruche à attirer les bourdons verbeux. Puis je me lance: allez! Certes, tu ne connais bien ni le sujet de l'expo, ni le vocabulaire qu'il te faudrait pour l'expliquer, mais... ça marche! Les derniers flyers, on les garde pour la brasserie Utopia. Jord et Jul nous accueillent l'air sereins dans la pénombre de leur repère d'amateurs de blondes, brunes, triples, blanches, ales, abbaye et autres merveilles. Mes papilles se délèctent, Paquito nous raconte ses déboires encrés, le vieux hollandais me donne la prononciation de mon nom. J'ai plaisir à rire avec eux. Ils m'assurent que si Vecco m'amène ici, m'intègre dans cette partie de sa vie, c'est qu'il doit vraiment tenir à moi. Je n'en sais rien, mais au retour, lui son skate et moi sur ma bici, lui s'accrochant à moi dans les descentes, moi le suivant dans les montées, on profite et on rit des trous de la chaussée et de notre liberté. Le lendemain, j'arrive un peu tard pour l'inauguration, retenue par Rober et ses amis au bar. Michelle est déjà partie, dommage. 

    Le 1er mai, fête du travail donc. Je révise un peu avec Michelle le matin et nos discussion nous emmènent souvent bien plus loin que les sujets à apprendre. Vecco arrive pour manger: après-midi à se dessiner. Le temps passe trop vite.

    Puentes: ça sent les vacances!

    On se retrouve le lendemain à l'atelier de gravure pour travailler un peu. J'apprécie chaque fois un peu plus les conseils et le sourire tranquilles de Rober. Miguelon invite à une paella juste à côté: la vue depuis son toit sur les coupoles illuminées des églises de Puebla fait doucement planer. Cet être sensible joue de son corps graisseux et de son visage poupon comme de ses airs efféminés pour attendrir et j'ai plaisir à apprendre quelques pas de bachata avec lui. Cette fois, les amoureux rentrent à deux sur le même vélo: ça fait mal aux fesses et aux cuisses, mais c'est bon pour les fous-rires.

    Puentes: ça sent les vacances!

     

    Samedi, David passe nous prendre, direction Atlixco pour se tremper l'âme et les pieds! Même si c'est juste le temps de le déposer plus près de chez lui, je suis contente que mes amis rencontrent Vecco. Allez! malgré les nuages qui s'amoncellent, on garde le cap: premièrement, le marché pour se faire harceler de toute part à goûter la carne ou le queso. Je prend un taco placero en rab et on se fait offrir un surplus de nourriture par un couple sympathique en manque de conversation. Bon, c'est pas le moment de sombrer dans la nourriture, mais de couler dans la piscine! La sangria est prête, mais l'appel du ballon angry-bird est plusPuentes: ça sent les vacances! fort: volley, foot ou tentatives de l'un d'eux dans l'eau, je passe une super après-midi avec eux.

    Désolés monsieur le gérant, c'était juste trop tentant de sauter une dernière fois tous habillés dans votre bassin.

    Le temps de faire essayer quelques robes aux garçons chez moi et on part animer un peu la soirée d'un copain de Denn. C'est peut être présomptueux, mais l'ambiance s'électrise quand on arrive: en même temps, on est les seuls à danser et on en donne pas moins le meilleur. Qui dans le canapé, qui dans le sofa, qui dans le lit du coloc absent: chacun trouve sa place pour finir la nuit chez Fajas. Je m'effondre avec plaisir dans la tranquillité de son lit: j'y dors toujours aussi bien. 

    Ils vont me manquer tous ces êtres.

     


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  • Semana santa

    Elle est passée la semaine sainte! La semaine de vacances allant avec aussi... J'ai bien cherché, mais pas l'ombre d'un œuf peint ou d'un lapin en chocolat. Non, ici c'est la vraie semaine sainte avec les films sur la vie de Jésus à l'affiche, les processions et les tapis de fleurs.

    Le dimanche, juste comme ça, je suis allée à l'église de la paroisse San Baltazar, près de chez moi, pour voir s'il s'y passait quelque chose. Le matin même, depuis la voiture d'Andres qui nous ramenait après une nuit de parlote, on avait vu quelques personnes s'installer devant l'église avec ce qui semblait être de l'artisanat.

    Et bien! J'arrive juste à temps pour la messe de bénédiction des rameaux! Tressés de feuilles de palmes avec branches de romarin et fleurs violettes, leurs rameaux sont de petites œuvres d'art. Je m'en achète donc un au vendeurs aperçus le matin même et me glisse dans la foule des fidèles. Je me lève et me rassoit au rythme de la mélopée et des génuflexions paroissiennes, fait la file pour me faire asperger d'eau bénite, sans aller jusqu'à me signer tout de même. Je voudrais arriver à croquer la lumière si douce qui entre dans l'église. Au sortir, il faut encore se frayer un chemin entre les fidèles de seconde vague qui affluent déjà pour s'assurer une bonne place. Contente de son escapade la Chloé! Le rameau bénit maintenant mon lavabo depuis les saintes hauteurs du miroir.

    Le vendredi, je retrouve Hugo et Tania au Zocalo pour voir la procession. J'aurais aimé voir ça dans un petit village: certains comme je disais plus haut confectionnent des tapis de fleurs paraît-il d'une beauté stupéfiante. Ici, ce sont des confettis violets et argentés qui son parsemés. Les flics et quelques jeunes engagés dans l'organisation tentent mollement de refréner les personnes passant la barrière. Le soleil tape fort et c'est sous une mer de parapluies que l'on attend le défilé saint. La procession est impressionnante, je ne sais si ce sont divers ordres religieux ou paroisses représentés, mais les costumes, bannières, tambours, trompètes et autres florilèges varient au grès des groupes.

    Les statues des saints importants de la ville sont trimballées le long des rues sur les épaules en sueur de dizaines d'hommes. Une cantatrice chante les louanges : j'en ai la chaire de poule. La vierge de la douleur (je crois) et celle de la solitude ouvrent la marche, puis viennent le seigneur de je ne sait quoi et, finalement, el Senor de las Maravillas. Lorsque sont baldaquin croulant sous la blancheur des alcatraz pointe, la foule s'émeut, les cris d'adoration s'élèvent, quelques dévotes pleurent. C'est impressionnant. Tania m'explique que c'est le Saint le plus adoré de Puebla, certaines personnes viennent de loin pour qu'il leur dispense ses miracles. Je vous met ici le lien vers les photos.

    Semana santa

    Mais enfin, la semaine sainte pour une athée, c'est aussi les amis! Je découvre la beauté du campus de la UDLAP avec les jacarandas en fleurs pour une pièce de théâtre avec Andres; me fait prendre dans une tempête de sable et évite de justesse le déluge en allant voir Sandee de retour d'Europe; m'émerveille le lendemain devant la lune rose, restes de l'éclipse lunaire peut être cause de notre petite tempête; me délecte de la session yoga avec les deux ternuringos sus-mentionnés; danse avec David et Mario dans cette belle maison en ruine où une inconnue fête son anniversaire; rit de l'insatiable palabre d'un Hugo plein d'agua loca et m'endort au flow du nouvel album d'Andres qu'il nous joue en avant-première; me blottit dans les bras de Victor alors que l'on regarde les nuages allongés sur mon toit. Le bon côté que Michelle soit rentrée aux USA pour les vacances, c'est que l'on peut profiter de l'appart tranquilles. Oh! j'allais oublier le tremblement de terre que tout le monde a senti sauf moi: j'étais dans ma douche et j'ai râté ça! 7.3 dans l'état de Guerrero, les amis.

    Semana santa

    juste avant que le sable m'aveugle, une petit photo de la nuée qui a caché le soleil en quelques instants

    Pour bien terminer cette belle semaine, escapade à vélo à Cholula! Oui, je me suis enfin lancée: Sandee m'a prêté le vélo, Raul le cadenas et je m'étonne à trouver plaisir à me faufiler entre les "camiones" de Puebla. Bref, Jessa et Gervi arrivent en tenue de grands cyclistes, Edgar en mode dimanche-dans-mon-canapé et on pédale jusqu'à la pyramide. C'est la feria sur le Zocalo et on déguste avec plaisir une paleta à la neveria du coin, de pignon pour moi! La frangine de Jessa nous rejoint, puis son ami Allemand fraîchement débarqué au Mexique. On va tous manger des tacos de cecina au marché: j'aime la fumée des postes de tortillas ou longaniza, les mamies vendant leur nopales, les morveux jouant entre les seaux, la foule de fruits et d'acheteurs... la panse bien pleine, on renfourche nos montures pour aller zigzaguer entre les fresques des murs de Cholula. Je rentre claquée et heureuse. Allez! Demain, école.


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  • Quoi de beau depuis la dernière fois... le printemps !

    Et ici au Yucatan, on oublie que tout le pays fête l'anniversaire de Benito Juarez: ce que l'on fête ici, c'est l'équinoxe. Le 21 au matin, j'ai donc enfourché le vélo aux côtés de Rocio pour arriver dans la foule crépusculaire de Dzibilchaltun. Il est 4h30 quand je me lève, 6h et quelques quand K'inich Ajaw émerge. Le ciel est nuageux, alors on retient son souffle en observant le ciel rosir: le verra-t-on à travers la fenêtre du temple des 7 poupées ? Oui! mais il faut courir: l'axe du sacbé, chemin blanc, n'est plus exacte et c'est collés contre les épines de droite que l'on reçoit les premiers rayons du soleil. Ces photons là ont ondulé dans un lieu où le pied humain n'a plus le droit de pose, le sentez-vous ?

    Mérida: deuxième partie

    Les enfants sont aussi intéressés que moi quand je leur présente le phénomène ce matin-là.

    Mais je n'ai pas eu le temps d'aller voir le reste des ruines ni le cenote: je reprend le vélo le dimanche suivant et c'est un régal. Quand j'ouvre les yeux sous cet eau limpide (l'une des plus pures du monde dit-on), j'ai l'impression d'être Alice au pays des merveilles: turquoises, cyan et bleu marine de la caverne qui s'enfonce, ocres, rouges et vert d'eau des nénuphars géants. Je plonge et replonge, je ne m'en lasse pas et j'aimerais pouvoir rester là, au fond de l'eau, avec mon matériel d'aquarelle pour dépeindre ce tableau. Faute de mieux, je reste immobile adossé au rocher, laissant les poissons me bécoter et suçoter pied, genoux, coudes, doigts. Un vieil hindou flottant raconte que Xlacah signifie vieille maison en maya: l'eau reste la base de toute civilisation.

    Mais il est déjà 11h et il faut que je me dépêche pour retrouver Ivan et Angelica devant la cathédrale. Ce weekend, je prend le temps de découvrir Mérida en domingo. Tous les dimanches, le centre s'anime plus que de coutume: danses et orchestre typiques devant la mairie, artisanat, Chepita de la papaya no muy fresca et son jargon yucatèque qui les fait tous rire... Sur les têtes de jeunes danseurs, les plateaux remplis de verres tournent et l'eau se répand autour de leurs corps en spirales liquides. Les rubans sont emmêlés pour former el arbol de mayo. La chaleur nous cuit les pieds et pourtant, on reste à admirer les huipils mouvants.

    Mérida: deuxième partie

    Mérida: deuxième partie

    Puis se rafraîchir dans la cathédrale, goûter au tamal colado avec une horchata bien fraîche. Retourner au centre culturel pour un concert de l'orchestre philarmonique. Ressortir et discuter avec les marchands de hamacs, bijoux en corne, coquillages, nacre et coco, éventails peints à l'huile, huipils brodés, jicarras sculptées, heneque tissé... Je rentre avec des images plein la tête.

    Il y aurait tant d'autres choses à raconter, les marchés, les nouveaux plats découverts, les amitiés liées... je me contenterais de parler encore un peu de cénotes du Cuzama: la fraîcheur de l'eau de grotte, juste sous la surface et la fournaise. Le petit taxi bricolé qui nous emmène me ravit, discuter avec, Chanty, 3 ans, parents alcooliques élevées par les abuelos aussi. Elle en parle avec toute l'innocence de l'enfance. Ce genre de situation est typique dans les villages de la région et je lui souhaite de pousser sainement en terre sèche.


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  • Il y a deux semaines souvenez-vous, je prenais le bus pour la capitale juste après le mariage de Dinoh et Gera. Direction: l'aéroport pour un vol de 2h jusqu'à la péninsule du Yucatan.

    Voyage sans incident, à part ma tête de linotte oubliant, une fois encore, de sortir le couteau suisse du sac à main pour le mettre dans le sac à dos: je repasse le portique de détection d'armes blanches, retourne en vitesse à l'enregistrement des bagages: mon sac est déjà parti. Je fais le tour des nouveaux arrivants: "Van a Mérida ? No?"

    Por fin, je trouve Francisco qui, un peu déconcerté, accepte de mettre mon couteau dans une poche de son bagage. Je le retrouve plus loin dans la file d'embarquement. On discute un peu: divorcé, il retourne travailler à Mérida après avoir passé le weekend avec une progéniture peu enthousiaste à Morelia. Le nez collé au hublot, j'admire les tentacules lumineuses des lampadaires du District Fédéral qui s'éloignent petit à petit.

    Quand on débarque, je retrouve mon cher couteau et Rocio nous accueil avec son amie Rossana. Alfredo conduit le truck de luxe et on dépose chacun chez soi.

    Mérida: première partieLe lendemain matin, je découvre la maison, le jardin et ses orchidées, la piscine, les oiseaux, chihuahuas et tortues de Rocio, le quartier de maisons bourgeoises: beaucoup de Nord-Américains en vacances jouant au golf. On prend la voiture pour aller plonger dans l'Océan. Je m'émerveille pour la première fois devant des flamands roses pataugeant dans les salinières.

    Mérida: première partie

     Le mercredi, je découvre l'école où je vais faire mon stage. C'est intéressant d'enfin travailler avec des enfants, de voir et sentir la différence entre ce stage et ceux que j'avais fait avant de débuter la formation: la théorie m'a formée et je suis plus sûre de moi, de mes choix et prises de positions face aux enfants. Pas toujours facile de s'adapter aux différents styles des deux guides ou de la directrice qui fait apparition de temps en temps dans la classe. Apprendre petit à petit à les connaître, s'adapter à chacun, les apprivoiser en quelque sorte... J'aime voir leurs yeux s'ouvrir de plaisir quand on fait une bonne présentation, m'emmêle parfois les pinceaux avec les plus petits, les bourdes que j'observe s'accumuler, les préparations pour améliorer le lendemain. Je leur présente une queue de serpent à sonnette trouvée par l'un d'eux, leur explique comment réagir s'ils en rencontrent un vivant. Puis c'est une tarentule que Rocio trouve sur sa terrasse qui fait l'objet d'une réunion plus ou moins attentive. Je me retiens d'amener le scorpion que je trouve, boudant la télé du salon: pas sûre que les guides approuvent la série animaux venimeux et... un peu répétitif pour les mômes ?

    Je rencontre Ivan, le pote de ma copine Sandee. Avec lui, c'est la cuisine yucatèque que je découvre: il pourrait en parler pendant des heures ! Papadzules, queso relleno, marquisetas, poc-chuc, relleno negro, dulce de papaya con queso, agua de chaya... on va y aller doucement pour goûter à tout ça ! J'adore l'écouter raconter sa région au volant de sa vieille coccinelle crachotante.La fois suivante, on va voir le son et lumière du musée maya avec, Angélica sa copine. Heureusement qu'il sont là: les images prennent tout leur sens avec des explications ! On en profite pour assister au concert organisé par la FILEY: flamenco. La force d'une danseuse. Une autre fois, c'est une reconstitution de pok-ta-pok devant la cathédrale de Mérida: le public s'enflamme en même temps que la balle, les hanches suent pour arriver enfin à faire passer la balle dans l'anneau. On dit que traditionnellement, le vainqueur s'offrait en sacrifice. Ce sont ensuite les amours déçus et les fantasmes de gâteau à la crème et papier cul de Gabriela Munoz qui nous régalent: clown et délicate folie. Goûter aux salbutes, panuchos, poc-chuc et autre avec eux est bien sympathique.

    Premier week end, on part faire le tour des ruines mayas de la ruta Puuc avec Rocio et Cristina mère et fille. La route à travers la selva et le pueblo de Muna, les huipils fleuris de femmes. Puis les beautés d'Uxmal: la pyramide del adivino, la casa de las tortugas, le trône jaguar-bicéphale...

    Mérida: première partie

    Mérida: première partieMérida: première partie

    Puis Kabah' et ses dentelles pierreuses. Têtes de Chac, dieu de la pluie et nez recourbé. Labna et son arche, les iguanes et encore d'autres sites: chacun a son mystère bien enfoui et pourtant palpable: comment étais-ce il y a des centaines d'années, alors que le peuple maya vivait encore sous ce soleil ?

    Mérida: première partieMérida: première partie

    Mérida: première partie

    Mérida: première partie

    Que l'on se balance sur une liane ou que l'on parle de religion, de voyage, d'amour ou de frustration, je passe une magnifique journée avec elle trois.

    Journée que j'on termine à Ticul, village réputé pour ses fabricants de chaussures plagiées, perchée sur le promontoire du restaurant el mirador.

    Mérida: première partieCe weekend, c'est Rossana qui nous offre l'escapade. On rencontre Stephanie de Guadalajara et Hélène de l'Outaouais. Ca jacasse dans tous les sens sur le trajet jusqu'à Panaba. On passe dire bonjour à l'oncle de Rossa, Freddy, qui nous parle les yeux brillants de passion du centre d'equinothérapie qu'il a démarré avec sa femme ici, il y a 4 ans. On boit ses paroles et allons caresser les chevaux avant de repartir vers las coloradas.

    On avance ainsi jusqu'à la carrière de sel, soudoyons gentiment les ouvriers pour rentrer prendre Mérida: première partiedes photos: les montagnes de sel blanc d'un côté, l'eau rose violacée de l'autre: les couleurs n'ont plus de logique. Puis le plongeon dans le vagues et le courant de l'Atlantique à playa Cancunito. Plus loin, le port de San Felipe, ses petites maisons de bois colorées, ses poissons et fruits de mer, ses taxis-vélo, sa joyeuse tranquilité, la famille de Rossana un peu partout, la mangrove et les pélicans tout proches, les hamacs et les cocotiers...

    Mérida: première partieMérida: première partie

     

     

     

     

     

     

    On termine par le ranch Don Pedro: repère paisible, paradis perdu de Freddy et sa femme qui nous le laissent pour la nuit. La lune est tellement grosse qu'elle brouille les étoiles. Au matin, je me régale à photographier les vaches et grimper aux arbres.

    Mérida: première partie

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    A Ek'Balam (Jaguar noir), le respire pleinement le vent du haut de la pyramide. On y rencontre Samir Sahib, petit vieillard lumineux qui enseigne la méditation du son et de la lumière à deux italiens. Il se dit chamane et me raconte un tas de trucs, puis m'offre deux graines et me m'enseigne le salut maya: le signe de l'infini de deux mains liées.

    On va plonger dans le cenote au centre de Valladolid et il faut déjà reprendre la route. Un beau weekend fatigant. Merci pour toutes ces expériences. S'il y a des intéressés, Rossana offre ses services de guide !


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