• Noël joyeux

    Me revoici au Mexique ! L'amour vous faire de ces choses, je vous jure ! Même renier vos convictions pour faire tourner le monde invraisemblablement artificiel des aéroports et de l'avion…

     

    Le 21 décembre 2015, je me lève donc aux aurores direction Paris Charles de Gaule. Des heures d'attentes à chaque étape, mais je me suis super bien organisée pour ne pas avoir à me déplacer dans tous les sens et à un moindre coût. Tout cela me laisse amplement le temps d'observer ce versant de notre société qui me semble si éloignée de ma réalité : magasin de luxe, nourriture caoutchouc sous-vide, trajectoires fatiguées dans tous les sens… la nouvelle mode de ce microcosme est l'emballage de valise ! Déjà que je me trouve bien excentrique avec mon sac à dos (ils semblent être en voie de disparition), je me désole devant la file de personnes enroulant leurs valises anti-choc dans des kilomètres de film plastique.

     

    L'autre coup dur, que je ne peux éviter cette fois, c'est au moment des repas dans l'avion : chaque gorgée est bonne pour servir un nouveau verre en plastique et toutes la dînette est balancée aux oubliettes une fois le repas englouti, même si elle est encore emballée. Un ami me fait remarquer plus tard que ce n'est sûrement pas cela qui rend les voyages en avion si polluants, n'empêche que ça me fait mal au cœur. Tellement mal au cœur que j'en vomi mon petit déjeuner à l'atterrissage sur le sol new-yorkais. Trop de laitages pour mon petit estomac me semble-t-il.

    S'en suit une nuit un peu glauque sur les bancs d'un terminal qui se vide. Heureusement que je tombe sur un couple de jeunes Français vivant à Montréal avec qui je passe une partie de la nuit à papoter ! Mais il me faut encore patienter jusqu'à la fin de l'après-midi pour pouvoir embarquer.

    L'arrivée à Mexico de nuit par contre est une merveille : un tapis de lumières mouvantes, quadrillées ou sinueuses s'étale à nos pieds sans que l'on puisse en voir le bout ! Oui, cette ville est un monstre qui s'engraisse et s'encrasse chaque jour.

    J'arrive enfin à Puebla vers 1h du matin, après près de 50h de voyage depuis mon départ du Bourbonnais. Autant vous dire que je suis épuisée ! Le cadeau, c'est Victor qui m'attend, fait chauffer l'eau pour que je puisse me doucher, et me masse le dos avant que je m'endorme ! Ben oui, je vous l'ai dit : l'amour fait faire de drôle de choses, mais je l'en remercie grandement parce que tout cela en vaut la peine.

     

    Les premiers jours sont tranquilles : j'ai du mal à régler ma pendule à l'heure locale mais retrouve Puebla et la famille de Victor avec grand plaisir.

    Ici aussi Noël se prépare et, comme presque tout ici, c'est en couleur et en mélanges que ça se fait !

     

    Noël joyeux

     

    J'avais prévu des pulls au cas où, car il peut geler la nuit en hiver, mais décidément le soleil est resplendissant et les étoiles sont douces.

     

    Enfin, je ré-enfourche tout de même avec grand plaisir le vieux vélo branlant pour aller au marché et acheter la mousse de la crèche. C'est toujours une surprise de déambuler entre les stands : les T-rex en plastique côtoient les pommes de pin géantes et je me régale les papilles dans ce fouillis. On en profite pour aller rendre visite à Don Angel, qui a son atelier de modelage à ciel ouvert tout proche. Bouteille de cidre pour lui et terre à modeler pour nous : j'aime ces échanges.

     

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    Un autre jour, s'est dans un espace culturel que sont en train d'ouvrir des amis de Victor que nous nous rendons pour continuer à crayonner un mural que mon artiste à démarré :
     

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    Il faut dire que les muraux constituent un véritable monument dans le paysage de l'art pictural au Mexique. Diego Rivera est certainement le représentant le plus connu dans cette discipline. Mais plus que dans les musées, c'est encore au détour des rues ou dans les cafés que je préfère observer le fleurissement de ces œuvres.
     

    Et c'est déjà Noël ! Bien qu'une amie nous ai proposé de venir avec sa famille passer le réveillon dans les brumes de Cuetzalan, on décide de rester à Puebla pour fêter cela en famille. S'aurait été l'occasion pour moi de rencontrer la mère et les frères et sœurs du côté de Carmen, la maman de Victor. Malheureusement, ils sont tous malades le jour J et on se retrouve en petit comité à la maison ! Carmen et Nayeli, la jeune sœur de Victor, m'apprennent à préparer les « chiles navidenos », des piments panés farcis de fromage servis à Noël, pendant que Paulo et son fiston nous passent des vieux tubes mexicains au tourne-disque. Puis, avant de dîner, on sort les quatre enfants Jésus pour les bercer en chantant « el arro ro ro » avant de tous les embrasser pour les coucher en bonne et due forme dans la crèche. Si j'ai bien compris, offrir un enfant Jésus correspond en gros à donner sa bénédiction à quelqu'un que l'on aime, alors pas de jaloux si les « santos ninos » s'accumulent devant Marie, qui se retrouve en général bien plus petite que ses chérubins ! Ses figures d'enfant Jésus sont chéries par leur propriétaire, qui manque rarement de faire appel à un voisin expérimenté pour lui refaire une beauté chaque année.

    Paulo me raconte jusque tard le soir ses différentes excursions étant jeune, dont l'ascension du pico de Orizaba, l'un des plus hauts sommets d'Amérique du Nord, où ses pensées ont pu glisser sur les ailes de l'aigle ; ou encore les délices de la vie à Mizantla, chez ses cousins, là-bas dans la verdure de Veracruz.

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    Le lendemain, on part tous les deux au marché de poisson, dans la tranquillité de ce jour férié, pour acheter de quoi faire un cocktail de crevettes. Il m'explique comment reconnaître la fraîcheur du poisson et me raconte le Puebla de sa jeunesse pendant que l'on déambule dans les rues inhabituellement somnolentes, et j'apprécie sa présence calme et ses histoires romanesques.

     

    Le weekend suivant, nous partons à Humantla voir Chava, qui nous invite au repas de Noël qu'il prépare depuis plusieurs années pour ses amis. Comme pour les fêtes de l'été dernier, des tapis de sable et de sciures colorées sont confectionnés devant l'église. On commence la soirée par aller chercher du pulque bien frais chez le senor Juan et son épouse Antonia : pendant qu'il sort des fûts en chêne différents crus de cette boisson baveuse et fermentée tirée de la sève des magueys pour nous les faire goûter, il nous raconte des morceaux de sa vie et des secrets de fabrication un peu tout à trac, mais avec une joie si sincère qu'elle laisse un goût aussi doux que sa boisson sur nos sourires.

    Les amis de Chava remplissent peu à peu « la cueva » et on commence bientôt à jouer au loup-garou, au twister et à je ne sais plus quoi encore, tout en se régalant de côtelettes grillées et de salade navidena, un mélange de pommes, ananas, carottes, noix, raisins secs et crème fraîche qui me plaît bien. Les jeux continuent jusque tard dans la nuit, et nous montons profiter de l'air pur de cette petit ville pour nous reposer.

    Nous étions censés nous lever tôt le lendemain pour partir à l'assaut de la Malintzi toute proche, mais on dirat que je suis la seule à réellement vouloir décoller. Alors les choses se traînent et il faut que je me fasse une raison pour pouvoir profiter de la présence de ces mexicains aussi flegmatiques que sympathiques. On fini tout de même par aller faire un tour dans les rues du centre le soir venu pour aller manger le burger légendaire de Don Miguel, heureux comme des rois coincés entre le camion Oxxo qui fait sa livraison et le restau à roulettes qui appâte habitués et chiens galeux de ses savoureux relents fumés.

     

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    Enfin, le lendemain matin, c'est la bonne ! On décolle à neuf heures du zocalo avec Jaro dans un bus qui nous dépose à Pilares. Direction : la canada ! L'eau de fonte a creusé profondément la montagne de ce côté-ci et nous suivons tranquillement son chemin pour remonter juqu'à sa source. Jared, de son vrai nom, nous explique tout un tas de choses sur les environs. C'est une chance pour nous qu'il nous accompagne car il est guide à Huamantla et connaît parfaitement le coin. Un pick-up, chargés de jeunes qui vont travailler à la construction de retenues d'eau pour éviter les crues dévastatrice de la saison des pluies, nous avance d'un bon morceau, ce qui nous permet d'aller plus avant tout en nous émerveillant tranquillement des pins, des champignons, des nuages, de l'air, si transparent et si frais comparé à celui de Puebla, du silence et du chant des oiseaux. Chacun raconte ces histoires et on apprend un tas de trucs. En longeant les vestiges de l'aqueduc qui alimentait jadis les villages en contre-bas, nous arrivons finalement à la plus importante des sept sources de la Malinche, ou Malinzi.

     

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    On remplie nos gourdes et il faut que l'on presse le pas pour descendre sous les étoiles, de ne peur de ne rater le dernier bus, tellement cette ascension nous a plût.

     

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    Victor et Jaro devant le mur peint de la tiendita pour éviter l'épidémie de tuberculose dans le village

     

    A Puebla aussi un repas de Noël entre amis nous attend le lendemain. Je retrouve mes copains avec plaisir et leur apporte des papillotes - au grand damne de Victor qui les aurait bien gardées toutes pour lui -, heureuse de voir le ventre de Dino se gonfler sous l'annonce de sa petite fille, d'entendre Hugo nous raconter son périple en Europe, de rigoler avec Denn qui se tâche la chemise en cuisinant le poulet au citron, ou de parler avec Gera des cascades à découvrir dans le coin. Quand je raconte aux copines de Denn comment on s'est rencontrés avec Victor, je remarque avec amusement sa figure atterrée devant les piaillements envieux des pin-ups en manque de conte de fée. En tout cas, on repart contents et avec une liste de beaux lieux à visiter dans les environs.


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