• Mérida: deuxième partie

    Quoi de beau depuis la dernière fois... le printemps !

    Et ici au Yucatan, on oublie que tout le pays fête l'anniversaire de Benito Juarez: ce que l'on fête ici, c'est l'équinoxe. Le 21 au matin, j'ai donc enfourché le vélo aux côtés de Rocio pour arriver dans la foule crépusculaire de Dzibilchaltun. Il est 4h30 quand je me lève, 6h et quelques quand K'inich Ajaw émerge. Le ciel est nuageux, alors on retient son souffle en observant le ciel rosir: le verra-t-on à travers la fenêtre du temple des 7 poupées ? Oui! mais il faut courir: l'axe du sacbé, chemin blanc, n'est plus exacte et c'est collés contre les épines de droite que l'on reçoit les premiers rayons du soleil. Ces photons là ont ondulé dans un lieu où le pied humain n'a plus le droit de pose, le sentez-vous ?

    Mérida: deuxième partie

    Les enfants sont aussi intéressés que moi quand je leur présente le phénomène ce matin-là.

    Mais je n'ai pas eu le temps d'aller voir le reste des ruines ni le cenote: je reprend le vélo le dimanche suivant et c'est un régal. Quand j'ouvre les yeux sous cet eau limpide (l'une des plus pures du monde dit-on), j'ai l'impression d'être Alice au pays des merveilles: turquoises, cyan et bleu marine de la caverne qui s'enfonce, ocres, rouges et vert d'eau des nénuphars géants. Je plonge et replonge, je ne m'en lasse pas et j'aimerais pouvoir rester là, au fond de l'eau, avec mon matériel d'aquarelle pour dépeindre ce tableau. Faute de mieux, je reste immobile adossé au rocher, laissant les poissons me bécoter et suçoter pied, genoux, coudes, doigts. Un vieil hindou flottant raconte que Xlacah signifie vieille maison en maya: l'eau reste la base de toute civilisation.

    Mais il est déjà 11h et il faut que je me dépêche pour retrouver Ivan et Angelica devant la cathédrale. Ce weekend, je prend le temps de découvrir Mérida en domingo. Tous les dimanches, le centre s'anime plus que de coutume: danses et orchestre typiques devant la mairie, artisanat, Chepita de la papaya no muy fresca et son jargon yucatèque qui les fait tous rire... Sur les têtes de jeunes danseurs, les plateaux remplis de verres tournent et l'eau se répand autour de leurs corps en spirales liquides. Les rubans sont emmêlés pour former el arbol de mayo. La chaleur nous cuit les pieds et pourtant, on reste à admirer les huipils mouvants.

    Mérida: deuxième partie

    Mérida: deuxième partie

    Puis se rafraîchir dans la cathédrale, goûter au tamal colado avec une horchata bien fraîche. Retourner au centre culturel pour un concert de l'orchestre philarmonique. Ressortir et discuter avec les marchands de hamacs, bijoux en corne, coquillages, nacre et coco, éventails peints à l'huile, huipils brodés, jicarras sculptées, heneque tissé... Je rentre avec des images plein la tête.

    Il y aurait tant d'autres choses à raconter, les marchés, les nouveaux plats découverts, les amitiés liées... je me contenterais de parler encore un peu de cénotes du Cuzama: la fraîcheur de l'eau de grotte, juste sous la surface et la fournaise. Le petit taxi bricolé qui nous emmène me ravit, discuter avec, Chanty, 3 ans, parents alcooliques élevées par les abuelos aussi. Elle en parle avec toute l'innocence de l'enfance. Ce genre de situation est typique dans les villages de la région et je lui souhaite de pousser sainement en terre sèche.


  • Commentaires

    1
    mamoon
    Jeudi 10 Avril 2014 à 11:55

    j'aime ton écriture, ton art du récit,

    j'aime ta curiosité pleine d'humanisme, ton goût de la découverte et de la rencontre,

    j'aime te lire, te voir vivre et grandir.

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