• Puentes: ça sent les vacances!

    Ah! le joli mois de mai. Où l'on fait ce qu'il nous plaît. Ici comme chez nous, c'est le mois où les jours fériés fleurissent. 1er mai: fête du travail - sans les muguets -, 5 mai: anniversaire de la victoire contre les armées Françaises, repoussées par une armée pourtant moins nombreuse et bien moins entraînée. Commémoré en grandes pompes dans toutes la République, l'épicentre des festivités reste Puebla: ce sont les murs des forts Loreto et Guadalupe qui ont servis de remparts aux armées de Maximilien de Habsbourg. 

    Les Mexicains viennent de partout et s'agglutinent tôt le matin le long du boulevard 3 de mayo pour voir la parade défiler. Je me joins au flot et n'en revient pas: c'est pire que le tour de France! Les vendeurs ambulants s'en donnent à cœur joie. Je retrouve Dino et ses tantes. On attend des heures debout, les pieds endoloris, la parade qui tarde à passer. Finalement, l'armée fait défiler une garnison de chaque régiment. Les costumes changent, baïonnettes et boutons de manchettes lustrés. De face, je vois les visages ouverts ou fermés, endoloris ou fiers défilent, les confettis collés au visage par la sueur. De dos, je vois la marée humaine, engloutissant l'individualité de chacun dans les gestes uniformisés. Un quinzaine passent avec des aigles dressés, symboles de l'âme mexicaine.

    Puis viennent les écoles militaires ou de musique et leurs fanfares: certaines sont vraiment bonnes, d'autres ont de beaux costumes historiques. Les chars allégoriques retracent les étapes importantes de l'histoire du pays, on reconnaît un copain acteur sur l'un d'eux.

    Je rentre toute endolorie mais contente de cette escapade.

    Je devrais sans doute réviser pour mes examens écrits qui commencent demain. Mais je sais ne pas avoir beaucoup besoin de révisions et, comme je vous l'ai dit: tout ça sent les vacances et l'envie d'étudier n'est réellement présente que durant mes cours!

    Le week-en dernier, nous sommes donc partis en escapade à l'ex-hacienda de Chautla. Moyennement tentée par l'idée au départ, cette maison à l'anglaise au milieu du lac et la tranquillité de son parc m'ont conquise. Etre avec les chulos aussi bien sûr! On ronchonne un peu en route avec Gervi pour avoir raté les fruits et on se contente des tacos de longaniza et des kilos de pêche de Morelos que j'achète. Cette maison ressemble à une maison de poupée et on tombe pile le jour d'un mariage. On observe la cérémonie de loin sur un îlot, puis le marié galéré à traîner sa belle sur le vélo quatre étoiles spécialement conçu pour l'occasion: ils devront changer de monture pour la lune de miel.

    Puentes: ça sent les vacances!

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    Puentes: ça sent les vacances!

     

     

     

     

     

     

    On monte en haut de la tour, qui ressemble à un vieux fard Breton. Sentir le vent sur nos visages, puis redescendre pour grimper sur les troncs, s'allonger dans l'herbe, déguster les muéganos (genre de caramel écrasé entre deux osties colorées)... et rentrer. Tous bien fatigués: Jessa et ses joues enflées de la perte de ses molaires, Dino et son ongle arraché en particulier. J'arrive tout de même à motiver Edgar et Rigtus pour sortir boire un verre à Cholula, citée des étudiants et rue des bars où je ne suis pas encore allée. On décolle vers minuit de chez moi et, manque de bol, demain, c'est les élections: ley seca, ça vous dit quelque chose? On se croirait aux US durant la prohibition. Tous cherchent un Oxxo qui voudrait bien leur remplir de bière leurs cahuamas, les bars fantômes préfèrent fermés leurs portes plutôt que d'ouvrir au jus. On tourne en quête d'une fête improbable, puis finissons, à 4h, à manger un hamburger à la station service en sifflant le reste de nos bières durement acquises. Gros fracas et pourtant, je m'amuse bien comme ça. Le plus drôle, c'est qu'à Puebla, la vie continue normalement.

    Le lendemain, je prend mon vélo pour aller voir la famille Kent-Carrasco à Cholula. Je rencontre enfin Daniel et Valentina, de retour d'Inde depuis quelques mois pour accoucher près de leurs familles. Plaisir de revoir Rollin et sa bedaine tranquille, Sara et César pour siroter une cerveza autour d'une bonne parrilla. Dimanche joviale.

    Puentes: ça sent les vacances!

    Un autre jour, j'aide Vecco et des amis à lui à installer une expo de fanzines. En grattant les lettres de l'expo précédentes, on discute éducation et intelligence artificielle. C'est déjà bien plus avancé que ce que je n'aurais cru. On va ensuite répartir les invitations tous les deux dans les bars culturels du coin. Je manque de confiance en moi pour me lancer à inviter les gens et j'ai d'abord l'impression de servir de jolie cruche à attirer les bourdons verbeux. Puis je me lance: allez! Certes, tu ne connais bien ni le sujet de l'expo, ni le vocabulaire qu'il te faudrait pour l'expliquer, mais... ça marche! Les derniers flyers, on les garde pour la brasserie Utopia. Jord et Jul nous accueillent l'air sereins dans la pénombre de leur repère d'amateurs de blondes, brunes, triples, blanches, ales, abbaye et autres merveilles. Mes papilles se délèctent, Paquito nous raconte ses déboires encrés, le vieux hollandais me donne la prononciation de mon nom. J'ai plaisir à rire avec eux. Ils m'assurent que si Vecco m'amène ici, m'intègre dans cette partie de sa vie, c'est qu'il doit vraiment tenir à moi. Je n'en sais rien, mais au retour, lui son skate et moi sur ma bici, lui s'accrochant à moi dans les descentes, moi le suivant dans les montées, on profite et on rit des trous de la chaussée et de notre liberté. Le lendemain, j'arrive un peu tard pour l'inauguration, retenue par Rober et ses amis au bar. Michelle est déjà partie, dommage. 

    Le 1er mai, fête du travail donc. Je révise un peu avec Michelle le matin et nos discussion nous emmènent souvent bien plus loin que les sujets à apprendre. Vecco arrive pour manger: après-midi à se dessiner. Le temps passe trop vite.

    Puentes: ça sent les vacances!

    On se retrouve le lendemain à l'atelier de gravure pour travailler un peu. J'apprécie chaque fois un peu plus les conseils et le sourire tranquilles de Rober. Miguelon invite à une paella juste à côté: la vue depuis son toit sur les coupoles illuminées des églises de Puebla fait doucement planer. Cet être sensible joue de son corps graisseux et de son visage poupon comme de ses airs efféminés pour attendrir et j'ai plaisir à apprendre quelques pas de bachata avec lui. Cette fois, les amoureux rentrent à deux sur le même vélo: ça fait mal aux fesses et aux cuisses, mais c'est bon pour les fous-rires.

    Puentes: ça sent les vacances!

     

    Samedi, David passe nous prendre, direction Atlixco pour se tremper l'âme et les pieds! Même si c'est juste le temps de le déposer plus près de chez lui, je suis contente que mes amis rencontrent Vecco. Allez! malgré les nuages qui s'amoncellent, on garde le cap: premièrement, le marché pour se faire harceler de toute part à goûter la carne ou le queso. Je prend un taco placero en rab et on se fait offrir un surplus de nourriture par un couple sympathique en manque de conversation. Bon, c'est pas le moment de sombrer dans la nourriture, mais de couler dans la piscine! La sangria est prête, mais l'appel du ballon angry-bird est plusPuentes: ça sent les vacances! fort: volley, foot ou tentatives de l'un d'eux dans l'eau, je passe une super après-midi avec eux.

    Désolés monsieur le gérant, c'était juste trop tentant de sauter une dernière fois tous habillés dans votre bassin.

    Le temps de faire essayer quelques robes aux garçons chez moi et on part animer un peu la soirée d'un copain de Denn. C'est peut être présomptueux, mais l'ambiance s'électrise quand on arrive: en même temps, on est les seuls à danser et on en donne pas moins le meilleur. Qui dans le canapé, qui dans le sofa, qui dans le lit du coloc absent: chacun trouve sa place pour finir la nuit chez Fajas. Je m'effondre avec plaisir dans la tranquillité de son lit: j'y dors toujours aussi bien. 

    Ils vont me manquer tous ces êtres.

     


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